Stratégie Cloud des Mairies et Collectivités des Antilles Françaises

Kevin Tabar
Gérant de KOSEICO

Introduction
Les mairies et collectivités des Antilles françaises se trouvent face à des défis uniques en matière de gestion informatique, impactés par leur contexte insulaire. La prise de décision concernant le Cloud Computing devient alors une tâche complexe, intégrant des enjeux de connectivité, de cybersécurité et de maîtrise des infrastructures. Cet article a pour objectif de fournir aux services informatiques une feuille de route stratégique pour migrer progressivement vers le Cloud tout en assurant la continuité de service et la sécurité des données sensibles.

État des Lieux
Actuellement, de nombreuses collectivités des Antilles françaises sont réparties sur plusieurs sites, avec des infrastructures informatiques traditionnelles composées de serveurs physiques et virtuels (utilisant VMware ou Hyper-V). Ces serveurs hébergent des services critiques tels que l'Active Directory, les fichiers partagés des services, les connexions RDS (bureau à distance), ainsi que des applications métiers couvrant des domaines comme les finances, les ressources humaines, l’état civil ou encore les affaires scolaires. Bien que les pratiques d'externalisation des sauvegardes dans le Cloud soient encore peu répandues, la gestion des identités devient un enjeu majeur avec l’intégration croissante des solutions SaaS et des systèmes bureautiques comme Microsoft 365 ou Google Workspace.

Scénarios de Migration vers le Cloud
Plusieurs scénarios de migration vers le Cloud peuvent être envisagés, chacun offrant des avantages et présentant des défis à surmonter.

Une première option consiste à migrer vers une infrastructure Cloud publique, telles que Microsoft Azure, Amazon, OVH, etc. Cette approche permettrait de réduire les coûts liés à l’entretien des infrastructures physiques tout en offrant une évolutivité et une flexibilité accrues. En revanche, la dépendance à une connectivité internet stable, un défi non négligeable en contexte insulaire, la compatibilité des fichiers ainsi que les coûts récurrents et la complexité de la gestion de la conformité réglementaire, doivent être soigneusement évalués. Il est également essentiel de prendre en compte la souveraineté du Cloud dans la stratégie, en s'assurant que les données sensibles restent protégées conformément aux réglementations locales et européennes, notamment en matière de localisation des données et de respect du RGPD.

Une autre option est l’adoption d’une approche hybride, combinant un Cloud privé et un Cloud public. Ce scénario permettrait de tirer parti des bénéfices du Cloud public pour les services non critiques tout en conservant un contrôle strict sur les données sensibles grâce au Cloud privé. Cette solution offre une transition progressive et maitrisée. Toutefois, elle nécessite un investissement initial important pour la mise en place du Cloud privé et implique une gestion plus complexe des environnements.

Enfin, les collectivités pourraient envisager de migrer vers une infrastructure Cloud entièrement privée, gérée localement par les équipes du service informatique ou par un prestataire. Cette option offrirait une maîtrise complète des données et des infrastructures, avec un contrôle total sur les politiques de cybersécurité. Bien qu'elle présente des avantages significatifs en termes de sécurité et de conformité, cette approche engendrerait des coûts élevés d’installation et de maintenance, et pourrait limiter l’évolutivité par rapport aux autres options.

Étapes Clés pour une Transition Réussie
Pour garantir une transition efficace vers le Cloud, il est recommandé d’adopter une approche progressive, divisée en plusieurs phases.

La première étape consiste à externaliser les sauvegardes vers le Cloud. En commençant par cette démarche, les collectivités peuvent sécuriser leurs données contre les sinistres tout en se familiarisant avec les premières interactions avec le Cloud.

La gestion des identités et des accès constitue la seconde phase de cette transition. L’intégration d’un système de Single Sign-On (SSO) permet d’harmoniser la gestion des identités entre les applications locales et SaaS, renforçant ainsi la sécurité tout en simplifiant la gestion des accès pour les utilisateurs.

La troisième étape implique la migration des services non critiques vers le Cloud public. Cette phase permet de libérer des ressources sur l’infrastructure locale et de réduire la charge de gestion, tout en testant l’adaptabilité des équipes aux nouvelles technologies Cloud.

Enfin, la planification de la migration des services critiques constitue l’ultime étape. Cette planification doit être accompagnée d’une évaluation rigoureuse des risques, des coûts et des impacts sur la continuité des activités. Selon les besoins spécifiques, ces services pourront être migrés vers un Cloud privé ou maintenus dans un environnement hybride. La souveraineté

Conclusion
La transition vers le Cloud représente pour les services informatiques des mairies et collectivités des Antilles françaises une opportunité de moderniser leurs infrastructures tout en renforçant leur résilience face aux défis uniques du contexte insulaire. En adoptant une approche réfléchie et progressive, il est possible de concilier sécurité, maîtrise des données, et innovation technologique, tout en garantissant la continuité des services essentiels à la population. Le rôle des décideurs est central dans cette transition. Il est essentiel de bien évaluer chaque scénario, d’impliquer les parties prenantes et de mettre en œuvre les meilleures pratiques de cybersécurité à chaque étape du processus. Une telle stratégie, adaptée à la réalité des Antilles, permettra aux collectivités de tirer pleinement parti des avantages du Cloud tout en assurant une gestion rigoureuse et sécurisée de leurs systèmes d’information.  

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